« Ce sera sûrement au plus vite que je vous résumerai ma vie.. En même temps, un résumé est censé être rapide. Donc c'est parfait, personne ne sera déçu.

Je passe très brièvement la partie "je suis née un beau matin d'hiver dans le splendide comté du Kent, en Angleterre, dans une riche famille aimante", parce que tout d'abord je n'ai aucun souvenir de ma naissance, puisque je n'avais qu'environ neuf mois, et surtout parce que ça m'étonnerait fortement qu'un matin d'hiver, surtout en février, puisse être beau, ensoleillé et magique - si je puis me permettre ce mot-là, que le comté du Kent soit splendide puisqu'il pleut très souvent dans notre cher pays qu'est l'Angleterre - et si il ne pleut pas, dans tous les cas les nuages sont toujours là, et puis, ma famille a beau être riche, elle est loin d'être ce que l'on peut qualifier d'aimante. On peut même dire qu'elle répond à l'idéal de la très ancienne et surtout très noble famille de sang pur - parce que si vous l'ignorez, je suis une sorcière. Pas le genre de sorcière comme dans les contes des moldus, avec des nez crochus, des robes immondes et des verrues en veux-tu en voilà. En plus simple, depuis mes onze ans, je possède une baguette magique, et j'étudie dans un collège de sorcellerie au fin fond de l'Écosse.

D'ailleurs, je devrais peut-être donc me recentrer sur ceci, puisque ma vie semble vous intéresser. Pour faire court, j'ai très peu de souvenirs de mon enfance, si ce n'est toujours les mêmes. Ma famille possède une propriété près de la Manche, dans le sud de l'Angleterre, et notre vie se résumait à vivre la plupart du temps à Canterbury et à passer toutes nos vacances à Brighton. Vous comprendrez que chaque année, c'était la même routine. C'est sûrement pour cette raison que j'ai l'impression d'avoir des souvenirs identiques pour chaque année de mon enfance. C'est l'année de mes onze ans que ma vie prit enfin un nouveau tournant. Comme mes parents m'ont déjà brièvement raconté avant de passer ce sujet sensible, les enfants moldus ont pour habitude d'aller à l'école dès leur plus jeune âge.. à vrai dire, dès qu'ils savent aligner quelques mots de façon approximativement cohérente. Mais puisque je suis née dans une famille sorcière, je n'ai jamais connu ça. J'ai vécu chez moi depuis ma naissance, et notre nourrice Nana s'est occupée de notre éducation, ma soeur aînée Daphné et moi, puisque mes parents avaient toujours des affaires à régler - en grandissant, j'ai compris que notre famille faisait partie d'une sorte de réseau des plus importantes et affluentes familles de sorciers d'Angleterre -. Pour nous, c'était tout ce qu'il y a de plus normal. Et ça l'est toujours d'ailleurs.

Toujours est-il que j'étais donc destinée depuis toujours à aller étudier dans cette école en Écosse dont mes parents me parlaient lorsque je leur demandais pourquoi les enfants de notre quartier allaient à l'école et pas moi. J'étais baignée dans le monde de la magie depuis que j'étais en âge de comprendre à quoi me servaient mes dix doigts, et c'est pour cette raison que je n'ai pas eu de mal à comprendre qu'à ma naissance, une certaine Plume Magique m'avait d'ores et déjà inscrite dans cette école, Poudlard. Ça ne m'avait même pas étonnée, et j'avais attendu patiemment jusqu'à mes onze ans pour pouvoir enfin découvrir d'autres horizons que Canterbury et Brighton. J'avais peut-être montré une légère impatience durant les deux années où Daphné était déjà entrée à Poudlard alors que j'étais toujours aux soins de Nana, surtout lorsque Daphné rentrait pour les vacances avec toujours énormément de choses à raconter. Vous imaginez ma joie quand j'ai enfin pu monter dans le Poudlard Express et rencontrer d'autres enfants dans mon cas. Je me souviens que nous étions assez peu d'enfants de "bonne famille", de famille de sang pur directement. Beaucoup d'élèves venaient de sang-mêlé, et un nombre raisonnable d'autres enfants étaient des enfants nés-moldus - c'était le principal sujet des aînés de la maison Serpentard, et c'est ce dont ma soeur parlait avec mes parents pendant de grandes discussions à table, celles où moi, je n'écoutais pas. Non pas que je n'ai pas d'avis sur la question. Simplement.. je m'en désintéresse.

Et puis voilà, cela fait déjà huit ans que je fais mon petit bonhomme de chemin dans cette école, chez les Serpentard (à la grande joie de mes parents, qui jouissent de pouvoir compter toute leur famille parmi la maison des sorciers qui ont su faire leurs preuves dans le monde de la magie). Je me suis découvert pendant des cours d'introduction, lors de mon passage en section universitaire, une passion pour l'histoire de la magie, et c'est de cette façon que j'ai trouvé ma vocation. Enfin.. je me demande bien pourquoi vous ai-je raconté tout ceci ! Si un jour je deviens historienne, ça sera à moi de publier ma biographie, et pas à un sous-fifre qui n'a rien de mieux à faire que de poser des questions à des étudiantes sérieuses et occupées. »

Depuis le personnage d'Umi Hanazaki, avec Rami Shoshan.

« Je m'excuse professeur Rogue, j'ai été retardée par des Serpentards qui.. »
« Ca n'est pas une excuse, Miss Hanazaki. Vos compliments pour votre bon niveau en botanique ne vous permet pas d'arriver en cours à l'heure qui vous chante. Allez immédiatement vous asseoir, vous perturbez le cours. »

Umi baissa les yeux et serra les poings. De toute façon, avec Rogue, il n'y avait jamais rien à justifier. C'était de notre faute, point. Elle le maudit silencieusement et obéit. Si seulement ce un jour dans sa vie, les Serpentards pouvaient la laisser tranquille.. Et puis il n'y avait pas que ça non plus. Elle aurait certainement fini de faire ses affaires plus vite si elle ne pensait pas tout le temps à Natsuo. Et cette fois, c'était encore pire que d'habitude. Depuis l'annonce du bal d'Halloween, et surtout de l'accompagnement par un cavalier quasi-obligatoire, Umi était devenue folle. Pour elle, ce serait l'occasion ou jamais de se rapprocher de Natsuo. Elle n'avait eu aucun contact avec lui depuis la fin de l'année dernière, où ils avaient passé la nuit ensemble. Ca avait été comme le paradis pour elle, mais Natsuo s'était contenté de lui rappeler de ne jamais dormir avec qui que ce soit d'autre de peur de l'assassiner sous les coups. Comme si Umi frappait les gens quand elle dormait.. Elle avait tenté dès qu'elle avait su pour le bal d'aller lui parler, et ça lui avait pris plusieurs jours avant de parvenir à lui adresser la parole sans qu'il ne l'ignore ou pire, que Ryoko s'interpose entre eux-deux. Et tous ses efforts furent vains, puisque comme à son habitude, Natsuo l'envoya bien gentiment promener, et Umi avait pleuré toute la nuit en repensant à Natsuo qui s'éloignait d'elle avec Ryoko à son bras.

La jeune nippone s'étira longuement. Elle avait, lui semblait-il, bien réussi sa potion d'OEil Vif. Peut-être Rogue serait enfin satisfait de son travail. Il y avait sûrement quelque chose en elle qui ne lui plaisait pas. Il la regardait tout le temps comme de la vermine. Umi n'y était pas vraiment habituée si ce n'était avec Natsuo, et s'en accommodait très mal, mais elle vivait avec depuis toutes ces années. Elle se leva en sautillant de son tabouret, alors que le reste des élèves l'imitait, après avoir attendu bien soigneusement la permission du professeur Rogue. Umi attrapa sa baguette, fit léviter son chaudron, versa son contenu dans une fiole et reposa son chaudron sur sa table de travail. Elle rebouchonna sa fiole et se dirigea vers le bureau du professeur Rogue, derrière lequel il avait l'habitude de trôner fièrement en dévisageant tous les élèves qui lui apportaient leurs essais de potion à chaque fin de séance. Comme convenu, il prit le soin de lui lancer un regard noir avant de tendre la main et de saisir la fiole, sans un mot. Un « bon travail » aurait fait l'affaire, et ferait plaisir de temps en temps.. Désespérée, Umi attendit de tourner le dos au professeur Rogue avant de soupirer profondément. Ces Serpentards, tous les mêmes.. La jolie Poufsouffle rangea rapidement ses affaires. Le cours de potions était son dernier cours de la journée, et elle appréciait enfin de pouvoir penser qu'elle en avait fini de cette longue semaine. En général, les journées d'octobre, encore plus que celles de septembre, paraissaient durer des mois.

Refermant soigneusement son sac et le jetant sur son épaule, Umi se dirigea vers la porte en sentant un poids se soulever de ses épaules. Elle pensait déjà à son lit, et surtout au week-end qu'elle allait certainement passer à flemmarder dans le parc plutôt que de réviser les tonnes de devoirs que tous les élèves de Poudlard avaient déjà à faire. Ce n'était certes pas digne de sa maison, mais que ce soit Poufsouffle, Serdaigle, Gryffondor ou Serpentard, Umi avait remarqué que très peu d'élèves c'étaient réellement mis au travail en ce début d'année. En même temps, il n'y avait eu aucun soucis durant ces vacances, et chacun semblait apparemment les avoir appréciées. Alors un petit retour aux sources de temps en temps, en se baladant aux abords du lac ou en lézardant dans les jardins de Poudlard, ça ne faisait de mal à personne. Et ça permettrait à Umi de penser à autre chose qu'à Natsuo, comme toujours. Elle s'étira à nouveau lorsqu'elle fut dans le couloir, saluant quelques amis qui lui donnaient rendez-vous pour le repas dans la Grande Salle - on parle là de Poufsouffles hein, ils aiment beaucoup partager du temps avec les autres, même quand ça semble évident (qui raterait le repas du soir ?..). Elle se dirigea vers les escaliers les plus proches lorsqu'elle heurta une silhouette et fut violemment projetée au sol, écrasée ensuite par un poids. Elle ouvrit lentement les yeux en essayant d'ignorer la douleur qui la piquait à l'arrière de la tête et se figea.

« Tu pourras un jour t'arrêter de me suivre ou non? Ca devient lassant de te croiser à longueur de journée. »

Le beau nippon qui hantait les rêves de Umi depuis quatre ans ne sembla pas aussi étonné que l'était Umi. Il se releva naturellement et se frotta l'arrière de la tête en soulevant ses cheveux avec une mine agacée. Umi resta immobile, ne sachant pas comment réagir. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de remarquer qu’il était seul. Il n'avait pas Ryoko derrière lui qui avait pris la sale habitude de le suivre partout où il allait. D'accord, ils avaient les mêmes cours. Mais pour Umi, ça n'était pas une raison. Reprenant ses esprits, Umi se redressa d'un coup et posa son regard partout où elle ne croiserait pas celui de Natsuo. Elle serra les poings et se mordit les lèvres. En général, Umi était une véritable fontaine. Mais depuis qu'elle aimait Natsuo, elle était habituée à souffrir continuellement, et elle savait se contrôler. Il fallait toujours qu'elle se trouve au mauvais endroit et surtout au mauvais moment. Malgré son sourire durant toute la séance de potions, Umi se sentit comme si elle se ramollissait sur place.

« Tu comptes passer ta nuit ici ?.. Au moins, tâches de te rappeler comment entrer dans ta salle commune. »

Malgré son calme apparent, Umi bouillonnait de l'intérieur. Elle ne savait plus quoi faire, mais la dernière parole de Natsuo eut l'effet d'une bombe en elle. Elle baissa la tête et s'enfuit en courant. Il ne fallait pas qu'elle pleure. Umi parcourut à une vitesse incroyable - une des seules choses pour laquelle elle était douée - les couloirs de Poudlard pour arriver devant la salle commune de Poufsouffle. Cette fois-ci, elle se rappelait parfaitement du mot de passe et se rua sur le premier fauteuil qu'elle aperçut et s'y tassa comme une masse. Elle voulait disparaître de ce monde, ne plus jamais voir qui que ce soit. A l'heure qu'il était, tout le monde était dans la Grande Salle en train de prendre le repas du soir. Umi était certainement la seule idiote à vouloir mourir de faim. Mais tant pis, elle n'était certainement pas d'humeur à parler aux autres.

« Tu n'es pas avec les autres ? »