Un cri enfantin réveilla le silence habituel du Manoir Malefoy, fièrement dressé dans la campagne anglaise du Wiltshire. Drago Lucius Malefoy, héritier de cette noble et ancienne famille, venait de voir le jour, en ce 5 juin 1980. Ce fut avec admiration que Narcissa observa ce petit être dôté de cheveux d'un blond lunaire et de grands yeux bleu-gris. Son mari avait déjà tout préparé pour le futur de son fils, celui qui suivrait ses pas pour garder leur prestige et leur nom intact. Ce qui fut fait en temps et en heures. Notre garçonnet apprit depuis son plus jeune âge à faire valoir son sang si « pur » et « précieux » au monde. L'amour étant exclu de son éducation, il ne recevait que de rares caresses et baisers de sa mère, à l'abri du regard de Lucius sénior. Drago était déjà un enfant pourri gâté et hypocrite. Mais il savait se tenir, et évitait les débordements, sachant qu'il lui pourrait lui en coûter une punition manié d'un baguette experte de son père. Les valeurs de son rang étaient scrupuleusement respectées, et le petit garçon aux cheveux blonds vouait une admiration sans limite à son paternel. Il le suivait partout, apprenant de ses mimiques, de ses gestes. Il voulait tant lui ressembler que ce fut chose faite rapidement. Combien d'elfes de maison se tuaient à la tâche pour les bons soins de leur jeune maître ? Ils savaient ce qu'il en résulteraient et ils se dépêchaient de répondre aux besoins de Drago. Personne n'ignorait le caractère diaboliquement angélique de l'héritier des Malefoy, sa complaisance dégoûlinante d'hypocrisie, du haut de ses huit ans. Et tout craignait déjà ce que le garçonnet pourrait devenir en grandissant.

Onze ans, et le jeune Malefoy reçut sa lettre en provenance de Poudlard. Tout heureux qu'il fut, il ne montra rien, impassible, en tendant ce bout de parchemin apposé du sceau de l'école de magie. Lucius approuva sans grand intérêt, car sa femme avait gagné la bataille. Il avait bataillé pour envoyer sa progéniture à Durmstrang où il savait que son éducation sévère serait plus que renforcée, mais Narcissa parvint à le faire changer d'avis, on ne sait comment. Il fit ses premiers achats au Chemin de Traverse, et en ce 31 juillet de l'année 1991, il fit une rencontre étrange. Un petit garçon aux cheveux lui bouffant le visage, de grands yeux verts et une paire de lunettes rondes. Il ne savait pas qu'il venait de se vanter de sa richesse devant Harry Potter, celui qui pourrait faire de lui un élève plus que populaire dans l'école où il devait se rendre, un peu plus d'un mois plus tard. Il retrouva cet enfant dans le Poudlard Express, où il reconnut enfin son interlocuteur à la cicatrice. Et ce fut à ce moment ultime que se joua leur relation de haine. «Si tu veux éviter les gens douteux, je peux te donner des conseils » lui avait-il dit. « Je n'ai besoin de personne pour savoir qui sont les gens douteux » lui avait répondu l'autre garçon, celui qui devait être son ami. S'instaura entre eux, une compétition, une haine vouée l'un à l'autre, une colère dirigée vers l'autre. Drago ne voulait pas croire qu'Harry Potter puisse attirer autant l'attention des autres, que lui. Il était sensé être celui que tout le monde voulait regarder, celui que Poudlard entier devrait acclamer. Et cela le mettait dans une rage intense. Qui n'avait pas été la victime de ses coups de violence ? Il devait tout faire pour arriver plus haut que son rival, être meilleur que lui. Tous les coups étaient permis. Il fit payer son entrée dans l'équipe de Quidditch de Serpentard, un an après celle du binoclard. Il acheta une panoplie de nouveau balais, les Nimbus 2001, et devint l'attrapeur de son équipe. Et ce fut la bataille, qu'il perdit à chaque match, chaque année. Perdant la coupe des quatres maisons d'autant plus. Ce fut Harry qui malencontreusement, fut entraîné dans la Chambre des Secrets, dans le Tournoi des Trois Sorciers. C'était Hermione Granger, cette née-moldue « Miss-je-sais-tout » qui le surpassait dans toutes les matières. Mais il continua, année après année, de travailler plus dur, de s'entraîner encore plus férocement. Son caractère en pâtissait. Il devenait intenable, et le reproches fusèrent. Apparût un Drago incroyablement calme, froid, méprisant. Qui semblait se contrôler sur le bout des ongles, mais dont le corps bouillonait de colère refoulée depuis tout ce temps. Un personnage malsain, manipulateur, et emplis de vengeance face à ceux qui lui avaient volé sa célébrité.

Le parc était dénué de verdure quand Drago passa les grandes portes du château de Poudlard. La bise soufflait, tranchante et froide. Nous étions en hiver, et le jeune homme resserra les pans de sa longue veste noire sur son corps mince et athlétique. Une écharpe grise perle entourait son cou pâle, assortie à son regard orageux. Il souffla, produisant une buée blanche qui s'évanouit dans l'air. Les joues rougies par le froid, il marcha sur le chemin qui menait vers le lac, enfin seul. Pansy l'avait harcelé pendant plus d'une heure dans leur salle commune. Il avait regardé Blaise d'un air las, avant d'achever la brunette d'une remarque désobligeante. Il avait supporté les deux balourds qu'étaient Crabbe et Goyle avant de sentir la moutarde lui monter au nez. Le jeune Malefoy avait alors pris ses affaires avant de sortir prendre l'air, et il en était à atteindre un saule pleureur dont les branches plongeaient vraisemblablement dans l'eau miroitante du Lac. Il fouilla dans une de ses poches avant d'en sortir un paquet de cigarettes sorcière. Il savait que ce n'était pas autorisé, mais il en avait besoin pour relâcher la pression. Il sortit un de ces longs tubes de tabac, avant de le porter à ses lèvres rosées et de l'allumer avec un briquet frappé des armoiries de sa famille.

Le bonheur que lui procurait la fumée brûlant son oesophage était indescriptible, la chaleur qui se propagait dans sa gorge et le goûtâcre de sa cigarette. Il recracha la fumée en une longue traînée blanchâtre, avant de s'adosser au tronc de l'arbre. Il était calme, paisible comme il l'avait rarement été, quand il entendit du bruit. Ne changeant pas pour autant sa position, il attendit que la personne vienne à lui. « Les cigarettes sont interd...Malefoy? » Le ton fier et autoritaire s'était changé en plainte craintive dès lors que Drago s'était retourné pour faire face à son interlocuteur. Un des préfets de Serdaigle. Il croisa les bras, le regard transperçant le pauvre garçon. Un sourire mauvais s'étala sur son visage aux traits si fins et réguliers. Le pauvre garçon d'en face, qui avait deux ans de moins que lui sembla devenir pâle, en voyant le changement de comportement du Serpentard. Le jeune Malefoy, après avoir tranquillement terminé sa cigarette en silence, tout en fixant son "camarade", s'avança vers lui. Des pas gracieux, nobles et presque glissants. Drago s'inclina contre le Serdaigle, jusqu'à pouvoir chuchoter quelques mots à son oreille. « Harlton, tu crois que ta jolie petite amie aimerait savoir que tu lui fait des infidélités un peu partout dans le château? » Il rit, comme un fou, avant de continuer à murmurer, venimeux: « Surtout avec sa petite et innocente petite soeur chérie..? » L'autre se mit à trembler, violemment, tout en suppliant des yeux le Vert et Argent. Il s'approcha de lui, attrapant la ceinture de sa veste noire. « Pitié, ne lui dis rien. Je ferai tout ce que tu veux, Malefoy! Ne lui dis rien! Je ne t'embêterai plus! » Drago se recula d'un coup, le regard encore plus mauvais et dur. « Ne me retouche plus jamais, sale vermine. Je crois que tu as bien compris où est ta place. Dégage de ma vue, où tu sais ce qu'il t'en coûtera. » Le dénommé Harlton s'enfuit au quart de tour, avant de se carapater dans le château, le plus loin des regards assassins de Drago Malefoy.