● La nuit. La nuit est le seul moment où l'on peut être seul, sans personne pour déranger. Aleister le savait plus que bien, car depuis un moment, c'était devenu son quotidien. Elle ne savait pas pourquoi elle le faisait, mais cela était comme amusant de traîner le soir dans les couloirs. Elle ouvrait les yeux, et le temps de sortir de son lit, elle observait si les filles dormaient à poings fermés. Et comme toujours, oui, elles dormaient d'un sommeil lourd. Aleister prenait au passage ses baskets et descendait dans la Salle Commune, y jetant un oeil au cas où quelqu'un était encore debout. Pas un chat, juste le feu crépitant dans la cheminée, qui éclairait encore la pièce. Elle s'installait sur le canapé et enfilait ses chaussures, les serrant durement, qu'elles ne puissent filer à l'anglaise durant le trajet. Aleister était enfin prête et d'un pas décidé elle sortait en douceur de la pièce, atterrissant directement sur le palier des escaliers. Elle attachait ses cheveux rapidement et enclenchait la marche vers la bibliothèque.

C'était plutôt courir qu'elle faisait, mais soit. Un escalier bougeait alors que la marche s'était si bien déroulée jusque-là. Elle n'avait pas le choix, elle devait prendre le chemin que ceux-ci indiquaient. Elle courait dans le couloir, pour tourner à un autre, ensuite un autre encore. La lumière d'une lune gibbeuse se glissait au travers des vitraux, caressant le visage d'Aleister, puis disparaissait subitement, la plongeant dans le noir complet. Mais ses yeux avaient eu le temps de se faire aux ténèbres et elle tournait encore à un détour. Elle se collait au mur, derrière un pilier et jetait un oeil prudent derrière celui-ci pour observer, inspirant et expirant un grand coup pour reprendre un rythme partiellement total. Elle reprenait son chemin lorsqu'elle fut totalement rassurée. Elle regardait souvent derrière elle, pour voir si quelqu'un d'autre la suivait, mais c'était plus par paranoïa qu'autre chose. Elle tournait la tête et eut le réflexe de se stopper au moment où elle fut nez à nez devant un pilier, le contournait et continuait de courir. C'était comme une prise au ralenti, comme un défilé d'émotions si brutales, qu'elle n'avait pas eut le temps d'y réfléchir.

Encore un détour et elle finissait sa course dans les escaliers. Mais pas le temps de s'émerveiller, la route était encore longue jusque-là bibliothèque. Les marches semblaient lui être infinies, jusqu'à ce qu'elle parvienne au bout de sa quête. Elle s'arrêtait un instant, pour fixer les alentours, ou une nouvelle fois, regarder loin devant elle. Le couloir s'étendait jusque dans les ténèbres, mais cela ne lui fit pas peur et elle courait encore, le souffle coupé et les pulsations erratiques. Elle s'arrêtait une bonne fois pour toutes devant les battants de chêne, prenait la clenche dans la main et poussait la porte, lentement, juste assez pour pouvoir se faufiler à l'intérieur. La lumière lunaire était revenue et éclairait de ses doux rayons la pièce gigantesque qui s'étendait devant elle. Aleister esquissait un sourire triomphant, comme à chaque fois qu'elle pénétrait les lieux à une heure aussi tardive. La Serdaigle prenait à présent son temps pour aller jusqu'au bout de la pièce et passer à l'intérieur de la réserve. D'un Lumos, qui l'éclairait à peine, elle prit le livre qu'elle lisait depuis une semaine maintenant. Un simple livre sur les Sortilèges, mais qui lui apprenait bien plus que les cours. Elle s'installait sur le sol dur, dos aux grilles et ouvrait le livre à la page où elle s'était arrêtée la nuit dernière. Elle ne se doutait pas que quelqu'un allait débarquer là. Jusqu'à ce qu'elle entendit un son derrière elle. Et voilà, elle était grillée !

Elle se retournait lorsqu'elle entendit une voix derrière elle. Elle s'éprit d'une surprise qui fut telle, qu'elle paraissait en avoir peur. Pourtant, il n'y avait pas besoin d'être effrayé devant un fantôme, Aleister n'avait pas eu l'habitude, cependant elle savait que Poudlard en hébergeait, depuis le temps qu'elle était ici, au château. Elle s'était relevée avec précipitation, fermant le livre d'un geste brusque, qui fit volé la poussière entre les pages. « N'aie pas peur petite fille, je ne te veut aucun mal. Je m'appel Maxius Caius, j'ai été gladiateur de Rome durant ma vie terrestre. On me surnomme Le Romain ou encore Le Veilleur. » Elle relevait les yeux sur lui, les yeux écarquillés. Elle soupirait en fermant les yeux et répondait calmement,

« Vous m'avez saisi, j'ai cru un instant que c'était un surveillant. »

Bien heureusement pour elle, elle était tombée sur un fantôme ! Une chance. Elle ne s'était jamais fait prendre jusque-là, valait mieux pas que cela lui arrive cette nuit. Les rayons de lune le traversaient et effectivement, il avait une cuirasse que les gladiateurs vêtissaient en l'époque romaine. Australienne, mais pas si inculte. Elle connaissait certaines choses sur les pays d'Europe. Elle laissait ses yeux le fixer longuement, observant cette cuirasse ou encore regarder à travers lui pour regarder si personne n'entrait. Une fois rassurée, elle finit par lui sourire amicalement,

« Enchantée Maxius Caïus. Je me nomme Aleister. Aleister Steele. »

Aleister tenait le livre entre ses mains, qu'elle déposait sur la table juste derrière elle. Ses iris continuaient le scruter, apaisées. Heureusement que sa mémoire lui permettait de reprendre sa lecture, qui avait si brutalement pris fin. Elle grattait sa tête, légèrement gênée. Elle semblait différente d'habitude ? Soyez logique mes petits, Aleister était totalement différente, la nuit et face à un fantôme. Elle ne pouvait pas être aussi froide qu'avec un être humain, tout simplement, car elle possédait un certain respect pour ces personnes inconsistantes.

« Pour répondre à votre première question, oui. Je n'ai que la lecture pour me tenir compagnie... Pour l'instant. »

Elle lui sourit. Un sourire doux, qui se voulait fort. Mais ses yeux la trahissait très rapidement. La solitude n'était plus si amusante...

C'était un sentiment étrange, de discuter avec un fantôme, mais cela semblait être si évident pour Aleister. Ils semblaient plus humains que les vivants du moins. Elle sourit à sa phrase, elle n'avait pas l'habitude qu'on vienne la voir la nuit, d'ailleurs personne n'était au courant. Du moins, pour le moment, personne de vivant à proprement dit.

« Ne vous excusez pas. Vous ne vouliez pas le faire exprès. »

Un air grave prit possession des rides du fantôme alors que la Serdaigle expliquait que la lecture était sa seule compagne. Pour l'instant, elle l'était, mais au final, Aleister finissait par s'ouvrir à certains membres de sa maison. La solitude avait bien fait d'elle quelqu'un de froid et cela ne lui avait rien apporté. « Tu n'a pas d'amis ? D'habitude les petits vivants que je voit sortent toujours en bandes. » Aleister secouait la tête, signe de négation, un maigre sourire s'emparant de ses lèvres, les yeux baissés. Le fait était qu'elle n'avait pas eu l'habitude de trainer avec les autres élèves, tout simplement parce qu'elle ne savait pas aligner deux phrases sans se renfermer sur elle et étendre son cercle social.

« ...Disons, qu'il faut de tout pour faire un monde. »

Elle relevait les yeux sur lui et fut légèrement mal à l'aise en ayant comme le sentiment de l'avoir offensé lors de son espionnage au travers son corps. Il était vrai qu'elle avait eu un manque de tact très dérangeant. Il se mettait à ses côtés et Aleister le suivit des yeux, ce faible sourire ne quittant pas le bord de ses lèvres. Elle avait entendu parler de lui, du « Veilleur ». Mais elle ne l'avait jamais vu en vrai, jusqu'à ce soir.

« Je suis désolé de vous avoir sondé de la sorte, il y a quelques minutes. J'ai quelques petits défauts qui ne font pas plaisir. »

Aleister était très receptive face aux émotions extérieures, mais parfois, elle faisait comme si cela ne l'atteignait pas. Sauf que, là, c'était totalement différent.

Aleister baissait les yeux, comme si elle avait honte d'être imparfaite. On pouvait la croire perfectionniste, oh oui, on pouvait, parce qu'elle l'était. Elle sentit alors quelque chose d'étrange pénétré sa chair, quelque chose de froid fortement désagréable et prise par surprise, elle relevait les yeux sur le fantôme, qui avait voulu poser sa main sur l'épaule d'Aleister. Si elle avait voulu se montrer forte face à l'ectoplasme, c'était loupé. Dès le départ elle s'était montrée imparfaite, elle n'avait plus besoin de masquer son manque de perfection par sa barrière si familière face aux autres. Non. « Je suis certain qu'un beau jour tu trouveras un ami qui te comprendra et auquel tu pourras confier tous tes secrets. » Il tapait sur sa cuirasse, « Parole de gladiateur. » Aleister lui offrit un sourire qui se voulait rassurant et amical. Elle rit doucement avant de répondre,

« Si vous le dites. Je vous fais confiance. »

Elle venait de reprendre du poil de la bête, finalement. Mais elle n'était pas sûre que cela puisse arriver du jour au lendemain en un claquement de doigts. Elle avait tellement été seule qu'elle ne savait plus comment s'y prendre, malgré le fait qu'elle possédait toujours ses émotions. Elle n'était pas qu'une coquille vide, même si on le croyait très fortement en la voyant, au fond d'elle c'était tout à fait différent que ce qu'elle laissait transparaître. Elle ne voulait pas avoir confiance en n'importe qui. Mais comme le fantôme lui inspirait confiance, se fiant à son instinct, pour une fois, elle se laissait aller. « Pourquoi cette sortie nocturne jeune vivante ? » Quelle bonne question. Néanmoins, il fallait tout de même répondre.

« C'est une très bonne question. En réalité, je fais ça depuis longtemps. Depuis une semaine, je lis un ouvrage sur les Sortilèges informulés de cycle universitaire de plus haut niveau que le mien. Je suppose que je ne suis pas allé à Serdaigle pour rien. »

Lâcha-t-elle dans un petit rire doux. Elle posait son regard sur le livre, avant d'à nouveau les replacer sur le fantôme,

« Et puis, je ne sais pas faire autrement. Non pas que j'ai le sommeil agité, mais c'est comme un... Besoin de sortir la nuit. »

« Tu a de la chance de pouvoir gouté au repos Aleister. » La Serdaigle le regardait avec sérieux mélangé à la surprise. Il était vrai que les fantômes n'avaient pas de repos, ils erraient sans but la nuit dans les couloirs. Mais ils n'avaient plus de problèmes comme les vivants, ça, c'était un point positif, du moins, pour Aleister. Que les êtres soient vivants ou disparus, ce n'était pas vraiment important, ils devaient tous être respectés. Néanmoins, les morts devaient mérité plus de respect que les vivants, car eux connaissaient la vie, ce de qu'ils avaient pu en voir. « S'instruire est une bonne chose petite Aleister. Et ne te décourage jamais. Le doute décourage facilement le coeur du plus ferme et fort guerrier. » La jeune femme eut un regard pétillant, adressant un sourire qui ferait mal aux joues de celui qui n'avait jamais souri de sa vie. Si lui le disait, c'est qu'il n'y avait plus de doute. Après tout, c'était un ancien gladiateur, qui avait vécu aux temps romains.

Elle l'observait flotter dans les airs, tel un voile de soie presque opaque, guider par le vent avec grâce. Il lui dit qu'il était aux aguets, ce qui voulait dire qu'elle pouvait reprendre sa lecture là où elle l'avait laissé. Elle sourit un peu plus, les iris enflammés.

« Merci, Sir Maxius. »

Elle reprenait le livre entre ses mains et se réinstallait sur le sol dur et froid. Elle ouvrait l'ouvrage à la page délaissée un peu plus tôt. Aleister lançait un regard au fantôme, avant de sourire et reprendre sa lecture. Elle venait à se rappeler qu'elle pouvait faire plusieurs choses à la fois, comme écouter et lire, par exemple. C'était un avantage de savoir faire plusieurs choses à la fois, mais chez la Serdaigle c'était surtout mental. Le physique, très peu pour elle. -Même si elle savait courir-.

« Un de ces jours, je lirais les exploits des gladiateurs. L'ancienne culture européenne est juste... Fascinante. »

Elle sortait de sa poche un bonbon à la fraise et le laissait fondre en bouche, tout en prenant le temps de lire et d'écouter le gladiateur parler. Ainsi, il faisait autre chose avant de devenir gladiateur ? Hum, il était vrai qu'être gladiateur n'était parfois pas primordial. Par contre, elle osait lever les yeux sur lui alors qu'il parlait de sa famille. Alors, il avait eu une femme et un enfant... Ce qui n'était pas compréhensible pour Aleister était que sa femme et sa fille s'étaient donné la mort. Elle baissait les yeux en fronçant les sourcils et cherchait quelque chose d'invisible du regard. Peut-être existait-il un ouvrage sur Sir Maxius Caïus quelque part ? Elle devait faire des recherches.

Elle relevait à nouveau les yeux sur le fantôme, qui expliquait qu'avant un combat, les Romains voilaient les yeux des Dieux, car ils jugeaient leurs actions trop violentes. Actions étranges tout de même. Pourquoi leur voilaient-ils les yeux si ils étaient violents au lieu d'arrêter ces jeux dangereux ? Car oui, être gladiateur était censé être un jeu.

« Méthodes peu conventionnelles pour un jeu très dangereux, Sir Maxius. »

Osait-elle lui avouer. Il ne fallait pas qu'il le prenne mal, ce n'était pas méchant. Tout d'un coup, sans le vouloir, sa carapace s'érigeait autour d'elle, comme si son corps se préparait à l'inévitable, une crise de colère de la part du fantôme. Comme elle ne savait pas comment il risquait de prendre cette phrase, inconsciemment, elle restait sur la défensive, prête à encaisser la colère du fantôme. Mais elle se permettait de rajouter.

« Ne m'en voulez pas pour ce que je viens de dire. Vos Dieux n'auraient certainement pas voulu que leurs humains s'entretuent juste pour un jeu. Mais ce sont vos choix et je les respecte, Sir Maxius. »

Après cette phrase, il se posait sur le bord d'une fenêtre, priant le Dieu Jupiter de trouver le repos. Aleister baissait les yeux de tristesse, tout en fixant son livre. Mine de rien, elle osait lui dire :

« Peut-être avez-vous quelque chose à accomplir ici, peut-être est-ce pour cela que vous ne trouvez pas le repos éternel, Sir Maxius ? »

Elle laissait un ange passer, puis posait ses iris sur le Veilleur. Il dégageait tant de mélancolie, comme la Dame Grise, qui ne s'approchait pas de ses membres de Maison.

« Je sais, je suis très mal placée pour en parler. Je suis désolé. »

Elle n'était pas morte, elle ne pouvait pas savoir le mal que cela faisait de n'être qu'un simple voile errant sans but. Enfin, si, elle savait ce que érrer signifiait. Plus que quiconque, sans doute.

« Est ce que les fantomes peuvent avoir le repos éternel ? Sommes nous condamnés a une errance sans fin ? » Aleister bloquait tout d'un coup, n'osant relever les yeux sur le fantôme. Elle ne s'était jamais posé la question. Mais finalement, non, les fantômes n'avaient pas droit au repos éternel. Pour une Serdaigle, Aleister s'ouvrait aux choses spirituelles, ça la fascinait. Par contre, c'était le fait qu'il ait raison, qui la mettait mal à l'aise, car elle ne pouvait pas dire qu'il avait tort. Les fantômes étaient condamnés à une errance sans limites et sans but au sein de Poudlard, car leurs âmes étaient liées au château. Parce qu'ils n'étaient plus attachés à autre chose que cette demeure.

Elle serrait les poings. Ses sentiments étaient un peu plus présents qu'au tout début de leur rencontre, car elle savait être sensible envers eux, envers les fantômes surtout. Ils traînaient derrière eux tant de choses, qu'elle leur devait le respect. Mais elle ne savait plus quoi dire, se contentait de fixer le paragraphe sur lequel elle avait été bloquée, les émotions déferlant dans son regard enflammé. Elle devait rester impuissante face à cette fatalité, ce qui lui était tellement désagréable.

Elle gardait un certain silence, jusqu'à ce qu'elle ait envie de répondre, mais aucun mot, pas assez puissant du moins, ne parvenait à franchir la barrière de ses lèvres. « Pouvont nous seulement reposer en paix ? » La Serdaigle n'arrivait plus à faire le tri dans sa tête, tout s'entassait au fin fond de son esprit et créait confusion entre ses doutes et ses affirmations. Elle se frottait le front tout en inspirant profondément, reprenait ainsi le contrôle de ses émotions.

« Je... »

Une longue pause, comme pour aligner plusieurs phrases, les unes devant les autres pour avoir une phrase constructive et cohérente.

« Il y a toujours quelqu'un sur qui veiller. La mort n'est qu'une seconde vie, tout en comprenant le sens de celle des vivants et son but. Les morts ont un but eux aussi, c'est de veiller sur les proches. »

Elle relevait les yeux sur lui.

« Vous ne serez sans doute jamais tranquille, mais au moins vous ferez des choses. Vous continuerez de veiller sur les étudiants et leur montrer le droit chemin. Vous avez une âme pure, Sir Maxius et je doute que beaucoup en aient une. »

« Merci petite Aleister. Que Jupiter vous bénisse jeune fille. "
Aleister laissait un sourire effleurer ses lèvres. Elle avait réussi à redonner de l'espoir à un fantôme et elle ne s'y attendait pas vraiment. Elle n'avait pas besoin de lui répondre « de rien », cela ne servait pas à grand-chose. Il finit par faire le tour de la bibliothèque, et Aleister le regardait flotter dans les airs, jusqu'à ce qu'il disparaisse et revienne de son champ de vision. Il lui répondit que la bibliothécaire dormait profondément ce qui la soulageait. Elle le regardait ensuite, avec sérieux. « Je dois donc me faire a l'idée que je ne..reverrais jamais ceux que j'ai aimé. Ma femme, ma fille, mes amis. Mon époque. Ma popularité dans l'arène. Et vivre ma mort dans un univers que je connais pas beaucoup. » Et si aider un esprit était tentant, elle hésitait tout de même à lui proposer son aide. Après tout, qui ne tentait rien n'avait rien.

« Je vous aiderais, si vous le souhaitez. »

Elle respecterait son choix si il refusait. Jusqu'ici, l'amitié était encore quelque chose qu'Aleister devait apprendre, car en dix-neuf ans, la demoiselle n'avait pas eu grande opportunité de pouvoir se lier vraiment d'amitié avec quelqu'un de plus. Il ne fallait pas se méprendre, Aleister cherchait à aider Maxius, non pas le ridiculiser. « Et vous Aleister, êtes-vous heureuse ? » Aleister baissait les yeux, un sourire triste sur les lèvres. Heureuse... Oui, peut-être. Elle ne regrettait pas être venue jusqu'en Angleterre pour apprendre et y faire ses études, mais quelque part, ses parents lui manquaient, bien qu'ils ne lui envoyaient pas de lettre souvent, ou qu'ils ne rentraient pas souvent à la maison pour les vacances. En amitié, Aleister avait de la difficulté, car elle ne faisait confiance en presque personne.

« On peut dire ça, comme ça. Je suis contente de faire mes études ici, mais quelque part, j'ai hâte de rentrer chez moi. Perth me manque un peu... »

Elle n'osait pas lui dire ce qu'elle ressentait réellement, étant trop secrète. Elle écoutait les autres, mais elle ne parlait pas d'elle, parce qu'elle n'en avait pas envie, parce que c'était ainsi depuis longtemps.

« Ta proposition est acceptable. Une aide d'un vivant serait la bienvenue. Mais est tu vraiment sure que pour moi et mes frère et sœurs esprits il n'y a pas de repos ? » La Serdaigle avait toujours les yeux baissés, mais cela ne lui empêchait pas d'être surprise. Après tout, la mort n'apportait pas que le repos... Ces fantômes en savaient bien plus qu'elle à ce propos. Elle esquissait un sourire et relevait le visage vers lui. Elle savait que les fantômes avaient leur repos éternel. Certains d'entre-eux partaient, insouciants pour le repos éternel.

« Il y a un repos éternel, Sir. Vous rejoindrez votre famille en temps et en heure. »

Elle n'avait jamais pensé à avoir une véritable conversation avec un esprit. On ne se souciait pas d'eux, ou bien on conversait, mais juste comme ça. « Enseigants et élèves oublie un peu trop souvent qu'avant d'ètre morts nous étions nous aussi des ètres humains comme tout le monde. » Il n'avait pas tort. Aleister le savait, même si elle ne leur parlait pas, les fantômes avaient été des humains, faits de chair et de sang. De poussière. « Pas une vulgaire décoration destinée a ètre la pour faire sensation auprès des gens. Peut ètre que si vous vous interresiez un peu plus aux créatures et a nous, il y aurez moin d'errants. Nous sommes 10000 et mème plus dans cette grande demeure. On nous traverse, mais on ne nous parles jamais. Pour moi cela n'est pas plus mal. Ca me permet de réfléchir. » Elle ne se sentait pas mal à l'aise, mais elle avait honte. Elle baissait une nouvelle fois les yeux, honteuse. Pourquoi voulait-elle entré au Ministère déjà ? Oh oui, pour changer quelques lois, avoir de l'influence sur les autres et pouvoir changer cette face du monde en pleine destruction. Elle ne savait plus quoi répondre face à cet esprit, qui continuait de pester contre les humains, qu'on ne prenait pas la peine de les aider, de les écouter.

« Je suis... »

Elle se faisait rapidement coupée, « J'essaie d'aidé mes frères, vu que tout le monde nous voit comme des décorations. Et je ne parle mème pas des centaures, un centaure meurt et personne chez les sorciers ne s'y interesse a part moi. Quel époque d'égoiste. Le mot sorcier ça connais, le mot humain.. j'ai pas ma place dans cette époque. Tout ça me concerne pas. Entre le centaure et l'homme on se demande qui est humain la dedans. Cela me répugne. Je fais de mon mieux pour aidé les centaures et mes frères fantomes vu que personne ne veut se remuer les fesses. Ou sont passées les valeurs d'entraides ? » Aleister n'osait plus rien dire, elle était comme clouée. Elle venait de se faire clouer le bec. Elle fermait son livre, sentant les larmes apparaître. Du fait d'avoir parler de sa vie, d'être impuissante, la rendait tout doucement sensible. D'un revers de manche, elle s'essuyait les joues et sourit tristement, les yeux toujours baissés.

« ... Je suis désolé. »

Aleister continuait d'écouter le fantôme parler, sans dire mot. Elle gardait la tête baissée sur le livre qu'elle lisait, sans le regarder. Il n'avait pas tort, les fantômes et les autres êtres devaient vivre selon leurs choix, mais les humains se pensaient supérieurs. Elle n'avait pas peur de se l'avouer, car elle savait de quoi ils étaient capables. Ils n'avaient aucun droit sur les autres et c'était ça qui était irritant pour le fantôme. Elle le comprenait si bien qu'elle hochait la tête, affirmant ses dires. Elle voulait devenir forte, pour pouvoir propager sa cause au monde. Pouvoir faire quelque chose pour les humains, vivre en harmonie avec les créatures, les moldus et tout les autres êtres vivants. Cela ne serait pas facile, car elle devait travailler dur pour y parvenir, mais, n'était-elle pas à Serdaigle ? Elle était d'un esprit vif et savait comment réagir face à une situation presque impossible.

Sauf que là elle ne savait rien faire pour calmer le fantôme. Elle n'eut cependant pas à le faire, il finit par se calmer de lui-même. Si ses études se passaient bien ? Et bien, il fallait dire que oui, même mieux qu'avant. C'était étrange, mais Poudlard possédait un bien plus grand choix d'options que Wallagic. Il fallait aussi dire que Poudlard était la seule école universitaire du monde sorcier, alors, elle ne devait pas s'arrêter au simple diplôme d'ASPIC. Elle reniflait et frottait du revers de sa manche une perle d'eau salée qui roulait encore sur sa joue. Elle sourit tristement, en relevant le visage sur le fantôme qui ne la regardait pas.

« Oui, plutôt bien. J'aime bien le style de ce château, ça change du style ''moderne'' de Wallagic. »

Elle marquait une pause, effaçait son sourire en fronçant les sourcils. Elle venait de lâcher le nom de son ancienne école avec cet accent Australien typique. Un mélange de l'accent Anglais et Américain. Elle aimait son accent, d'ailleurs, elle ne l'avait jamais entièrement perdu, mais à force d'être en compagnie d'Anglais, elle avait prit cet accent.

« Ce que je trouve assez idiot, c'est ce système de maison. Mais il faut bien une école qui se démarque des autres. »