La douleur ne cessait de croître avec le temps. Les souvenirs, les images revenaient toujours, d'une manière beaucoup plus puissante de jour en jour. Envahissant, nuisant comme jamais à l'existence de et être dépourvu de famille quelconque. Les sentiments, les regrets la souffrance... Tout était encore aussi frais que le premier jour, comme si, la perte de ces deux femmes si importantes et précieuses pour lui ne datait que de la veille. Non, il n'y a aucune exagération ici. Un enfant qui perd sa mère, celle qui prenait sin de lui depuis le jour de sa naissance, un véritable choc des plus insoutenables. En plus d'une petite sœur, celle qui, depuis qu'elle avait vu le jour, avait immédiatement charmée son aîné, il décida ensuite et promis de prendre soin d'elle à chaque heure du jour. Duncan avait faillit à la tâche le jour de leurs morts, le même jour que son anniversaire d'ailleurs... Une journée loin d'elle, brisant ainsi sa promesse... Il fallait en payer le plein prix désormais. Aujourd'hui, ce n'est plus que quelques heures qu'il vit loin d'elle, de cette petite sœur qui était si importante pour lui, c'est d'innombrables années... Chaque nouvelle journée, une pensées pour elles lui venait en tête, assurant, par conséquent, une journée maussade à remuer les souvenirs d'antan.

L'existence de ce jeune homme ne faisait que débuter... Pourtant, déjà, il semblait avoir atteint le bout du rouleau. Ces images, ces souvenirs, ces remords, il n'en pouvait plus. Le matin, alors qu'il ouvrait les yeux suite à une nuit troublante de souvenir, Duncan ne souhaitait qu'une seule chose, oublier. Laisser tout derrière lui, ne serait-ce qu'une journée... Même en faisant appel à la totalité de sa concentration, un moment ou un autre de la journée, tout cela surgira de nouveau, assombrissant encore plus l'âme de ce poufsouffle torturé jusqu'à la moelle.

Ouvrant péniblement les yeux, suite à l'une de ces fameuses nuits de sommeil, celle qui devait être réparatrice, revigorante ne lui donnait uniquement envie de dormir à nouveau. Cette sensation de ne pas avoir dormi après de nombreuses heures allongées dans le même lit, les yeux fermés, rêvant... Pourtant, rien ne semblait changer en lui. Toujours aussi fatigué, désespéré. Oui, malgré son attitude joviale à l'extérieur des murs de son dortoir, ce jeune homme reste le plus torturé des hommes de ce monde, maudissant sans cesse sa mémoire, son esprit de ramener de telles images en permanence. Bien qu'il en parle, qu'il se vide parfois le cœur sur ce sujet, c'était différent... Au début, Duncan croyait qu'en parler avec une personne de confiance, extériorisant ses sentiments lui permettrait de mieux dormir la nuit, d'avancer, d'atteindre lentement, mais surement, la tranquillité intérieure. C'était bien loin d'être le cas, du moins, jusqu'à maintenant. C'est bien pour cela que, soupirant gravement, cet être torturé retira les draps de sur son corps, débutant cette journée de la meilleure manière possible...

♣ ♣ ♣

Les lueurs du soleil brillaient sur le château, se reflétant sur la surface calme et paisible du lac environ. Duncan approchait lentement de sa destination, les mains enfoncer dans les poches de sa tenue de sorcier, le regard rivé sur l'horizon, faisant abstraction de tout le reste. Tentant de concentrer son esprit sur les rayons du soleil qui inondaient la place, qui rendaient les lieux plus beaux qu'à l'habitude. En dépit de la beauté des lieux, de la chaleur des rayons sur son visage, aucune forme de rictus n'apparu sur son visage. Profitant de cette solitude afin de rester lui-même, de laisser les sombres émotions enfouies en lui faire surface de nouveau. Jamais il ne laissera son cœur parler en présence de quelqu'un d'autre... Avec quelques exceptions près. Lola, Mÿa, Matthew... Eux, ils étaient toujours présents pour ce jeune homme. Étrangement, une simple pensées à ces êtres qui restent près de lui malgré tout, qui sont toujours là, prêt à ramener le sourire sur son visage, calma son âme. Ce calme intérieur, aussi inattendu puisse-t-il être, permis à Duncan de profiter du moment. Comme si, depuis quelques minutes, il était enfermé dans un cocon isolé de la lumière et de la beauté environnante. Sentant la chaleur des rayons sur sa peau, admirant la vue des rayons du soleil sur le lac, le calme présent à ce lieu... Enfin, il pouvait prendre de grande respiration sans la moindre crainte. Aspirant, expirant librement... Et ce, uniquement à la suite d’une pensée vers ses proches.

Atteignant finalement le bord du lac, connaissant cet emplacement dans les moindres détails, le jeune homme savait qu’un pas de plus risquait de le conduire sous la glace qui recouvrait ce lac. Une fine couche de glace, sans la moindre trace de neige, qui permettait une vision magnifique des reflets rougeâtre du soleil sur celle-ci. Un silence parfait régnait au cœur de ce lieu. Le brouhaha créé par les étudiants du château était bien loin derrière, ce qui permettait à Duncan de profiter de ce moment de tranquillité, de sérénité parfaite, et ce, sans le moindre dérangement. Fermant les yeux, laissant l’air frais pénétrer à l’intérieur de ses poumons, portant une attention particulièrement à chacun de ces gonflements pulmonaires essentiels à son existence, le jeune homme souriait. Pour certain, cela paraîtrait étrange, mais pour lui, le silence et l’air permet à son esprit de redevenir clair, vide, ne serait-ce que pour quelques minutes.

Soudain, un craquement attira son attention. Ouvrant les yeux, tournant brusquement la tête, il constata que la solitude venait de l’abandonner. Par chance, c’était une personne aimable qui apparu devant son regard quelque peu éblouis par la lumière. Cependant, il ressenti un léger pincement au cœur. Cela faisait quelques temps qu’il n’arrivait plus à avoir une véritable discussion avec elle, conscient de son silence alors que lui, il ne cessait de parler et discuter de ses sentiments, de ses souvenirs, voulant se débarrasser de tout cela. Baissant quelque peu son regard, portant plus d’attention sur les galets qui les entouraient que la demoiselle qui marchait en sa direction.

« Hey, Lola… Ça va ? »

S’accrochant un léger sourire au visage, tentant de paraître comme il en avait l’habitude avec ses proches, Duncan leva doucement la tête.

« C’est assez rare de te voir dans les environs… Tout va bien j’espère ? »

La solitude prenait possession de son être telle la douleur. Chaque jour, il apercevait une forte quantité d'étudiant, de personnes dont leur visage était familier... Pourtant, aucun sourire ne prenait place sur son visage, aucune parole n'osait franchir la solide barrière de ses lèvres, aucun muscle de son corps n'osait bouger, outre ses jambes, et ce, dans l'unique but de poursuivre son chemin loin d'eux. Ce jeune homme avait appris à vivre aux dépens de personne sauf lui. Ainsi allait son existence depuis de nombreuses années, surtout depuis la mort de sa petite soeur et sa mère... Ces êtres qui occupaient une place immensément importante chez lui, deux êtres qu'il aurait cru éternels, incapables de disparaître de la surface de la Terre. Pourtant, le voilà aujourd'hui, respirant l'air pesant des environs de ce prestigieux château alors que son adorable mère et sa petite soeur chérie sont loin, complètement ailleurs. Elles sont devenues des êtres immatériels, alors que lui devenait solitaire, toujours plus torturé de jour en jour. Malgré les années qui s'écoulaient, le temps qui passait, son existence qui évoluait peu à peu, le passé restera à jamais le même, et ce, au détail près... Néanmoins, il osait espérer un jour être en mesure de passer outre cette éternelle souffrance, cette irréfutable envie de vengeance, de cruauté qui voyait parfois le jour au sein de son coeur troublé et tourmenté. Le poufsouffle en voulait à une grande partie du monde des sorciers... Cela lui semblait illogique de veiller uniquement sur ceux qui était à ce château, cet établissement gigantesque qui gardait un nombre incalculable de sorciers, autant sang pur que né moldu. Alors, pourquoi n'agissaient-ils pas de la même manière en dehors du château? Protégeant les familles de sorciers contre toute éventuelle attaque, et ce, autant par d'autres sorciers que par les dangereux moldu qui ne possèdent aucun savoir-vivre.

Dans un tel état d'esprit, Duncan avait pris la décision de sortir du château, et ce, dès que cela lui fut possible. Préférant l'air frais, la liberté de mouvement et d'expression que l'extérieur du château pouvait lui procurer, au lieu de cette étrange sensation de capture qui naissait parfois en lui. En effet, il lui arrivait de se sentir enfermer dans ce château, de ne voir que le mauvais côté des choses, n'arrivant aucunement à garder le sourire, en dépit des merveilleux événements qui pouvaient agrémenter son existence ici et là, dont son acceptation dans l'équipe de quidditch. Aussi banale que cela puisse paraître, une telle acceptation lui permettait de quitter, de manière partielle, la solitude qui caractérisait son existence, de retrouver le sourire, de retrouver goût à la vie. Cependant, ce qu'il rêverait de faire depuis son acceptation dans l'équipe... Lui dire, à elle. Cette demoiselle qui ne cessait d'attirer son regard à chaque fois qu'elle passait, celle qui lui avait redonné le sourire lorsqu'il ne faisait que broyer du noir, alors que plus rien dans son existence n'allait et qu'il croyait devoir dire adieu à toute possibilité d'avenir. Malheureusement, en ces jours presque joyeux, il n'arrivait aucunement à ouvrir la bouche en sa présence, quelque peu timide devant elle, devant celle femme qu'il pense aimer plus que tout en ce bas monde...

Debout devant le lac, Duncan poursuivait ses pensées, ses nombreuses réflexions au sujet de son existence, son avenir, ce qui l'attendait après Poudlard. Cependant, il n'arrivait à rien voir outre la noirceur que possédait déjà son existence, face à cette cruauté nouvelle en lui, cette esprit de vengeance qu'il possédait depuis quelque temps. Plus rien n'allait chez lui, autant psychologiquement que physiquement. Le regard concentré sur les reflets du soleil sur l'eau glacée devant lui, le jeune homme serra les poings, incapable de comprendre ce qui lui arrivait... Comment un être aussi jovial que lui, du moins, à ses heures perdues, pouvait posséder un tel esprit de vengeance, une telle cruauté au sein de son coeur? N'ayant guère le temps de réfléchir plus longtemps, Lola venait de faire son arrivée, discrètement, elle avait approché de l'emplacement où il se trouvait. Cette demoiselle en qui il avait une confiance aveugle, sans aucune limite possible... Pourtant, elle ne semblait pas ressentir la même chose à son égard, ce qui le blessait de plus en plus, brisant lentement leur belle amitié, complicité de toujours... Restant néanmoins surpris de la voir ici, en ce lieu qu'elle ne fréquentait que très rarement, du moins, au contraire du jeune homme, il ne put s'empêcher de la questionner. « Tout.. va très bien. c'est juste que .. le bruit m'étouffait, j'avais besoin de calme.. C'est tout. » Une réponse qui, malheureusement, ne satisfaisait aucunement sa curiosité habituelle, surtout lorsqu'il s'agissait d'une personne aussi importante et proche qu'elle, du moins, fut un temps. À une époque, il arrivait à lui faire pleinement confiance, n'arrêtant aucunement le débit de parole qui pouvait bien provenir de ses poumons... Cependant, découvrant que l'honnêteté était en sens unique, il en souffrit quelque peu. Elle écoutait d'une oreille attentive, certes... Mais aucune parole ne provenait d'elle autre que des mots d'encouragement ou de réconfort qu'il commençait à connaître sur le bout des doigts... De plus, même s'il était en mesure de percevoir l'hésitation, le mal-être qu'elle semblait traverser à chaque instant, ces mains qui devenait de plus en plus blanches tant elle forçait. Même si le jeune homme voyait tout cela, comprenait chaque parcelle de sentiment de cette adorable demoiselle, il s'avère que cela n’est pas suffisant pour que cette dernière est confiance en lui, pour qu'elle aussi, à son tour, se vide le coeur, exprime les sentiments qui ne cessent de la torturer. Duncan avait toujours voulu qu'elle s'exprime, il savait parfaitement que cela lui ferait un grand mieux. Malheureusement, convaincre cette demoiselle qui semble être plus que têtue est un défi de taille pour lui qui, habituellement, n'insiste jamais... « Et toi, comment tu vas ? » S'accrochant un léger sourire aux lèvres, détournant son regard de son interlocutrice, cherchant une potentielle excuse si jamais l'envie de partir loin devenait trop forte... Après tout, à quoi bon discuter avec elle si cette dernière ne lui fait suffisamment confiance pour s'exprimer, faire par de ces véritables sentiments.

« Moi... Ça va. J'ai déjà connu mieux comme journée, mais peu importe... » Tournant de nouveau la tête vers le lac situé tout près de lui, ne possédant comme surface qu'une longue étendue complètement glacée qui reflétait merveilleusement bien les rayons du soleil... Ce silence, cet air... Tant de chose qu'il aimait et chérissait à ce lieu important, ce qui n'était rien face à tout l'amour qu'il éprouvait pour sa petite soeur, et ce, encore aujourd'hui. Personne n'arrivera jamais à faire battre son coeur comme cette petite fille y arrivait. Personne ne le ferait sourire et rire comme arrivait à le faire un claquement de doigts... De nouveau dévasté par la nostalgie, les souvenirs de son passé, Duncan ressentit son coeur ne devenir que poussière au sein de sa cage thoracique, comme tous les jours, comme chaque fois que son esprit pense à elle...

Les larmes lui montaient aux yeux, et ce, bien contre son gré. Incapable de refouler cette peine éternelle, cette envie de vengeance, de vouloir revoir son doux visage ne serait-ce qu'une nouvelle fois, le poufsouffle sentit l'air qui commençait à lui manquer, sa respiration devenant saccadée, incapable de reprendre un rythme normal... N'importe qui pourrait constater ce soudain changement, et ce, uniquement en apercevant son corps qui tremblait quelque peu, ses mains qui ne cessaient de trifouiller le tissu de son chandail... La tristesse allait définitivement devenir une habitude de vie perpétuelle. Comment pouvait-il simplement penser être heureux un jour dans sa vie, s'il ne possède plus sa raison d'être heureux?

N'osant tournant de nouveau son visage dévasté par les souvenirs, Duncan leva les yeux vers le ciel, prenant une grande inspiration, tentant ainsi de dissimuler ses véritables émotions à son interlocutrice. Alors qu'auparavant, il n'aurait eu aucune honte à tourner la tête, lui montrer son réel ressenti du moment, démontrant son imminente envie de réconfort... Non, il devait apprendre à se faire confiance un peu, à apprendre l'indépendance. Du moins, il pourra bien tenter le coup, une nouvelle fois...

« Je crois que... je vais retourner au château... Je dois avoir des trucs à faire... » Ne bougeant pourtant pas le moindre muscle, le jeune homme continua de chercher son calme quotidien, espérant pour que sa voix paraisse normale, n'inquiétant ainsi pas cette chère Lola. Cependant, elle plus que n'importe qui devrait être en mesure de percevoir les trémolos de sa voix...